Tu verras l'effilochement le cassement
de fils les constellations se réduire mais
ça filera encore - éruptions d'étoiles
usant le temps du ciel - tu verras la ville
s'enluminer d'autres éclats tu marcheras
comme un ange léger sur le rêve noir
Tu verras du monde ailleurs attendu du
monde usé des étrangers parmi d'autres
étrangers
tu referas le trajet vers la maison
m'imagineras endormie entre des affamés
envisageras pour un instant ma dissolution
qui collera à ta peau comme une cicatrice
enlaçant ton cou
Plus tard un silence autour de disparus
les feuilles remplies de mots tu courberas
le dos te pencheras sur leur résonance
le coeur calme malgré les fureurs écrites
les incendies reconnus les chagrins de
douleurs portées
tu n’auras plus de trêve qu’une émeute de
récits où te reconnaître où te pêcher l’appât
des mots t’aura saisi
Diane Régimbald, «Ce qui nous lie», Sur le rêve noir, Éditions du Noroît, 2016, p. 11-12-13.